101 elle a joint ses mains, elle a invoqué Dieu. L’avoit-elle invoqué pour qu’il punît l’auteur de son malheur insigne, ou qu’il pardonnât à celui, qui avait brisé son pauvre coeur, avant que le bourreau allât briser ses membres? La nuit approche. La prison n’est presque plus éclairée. Déjà les poignantes douleurs de la faim et de la soif, devenues plus aiguës d’heure en heure, altèrent les traits du captif ; un reste de jour douteux projetant sur lui ses reflets, donne à sa physionomie l’expression du désespoir le plus farouche, le plus sinistre. Ses regards fixent en silence la clarté qui fuit lentement le long des murs funèbres elle se perd, elle disparaît. 11 demeure anéanti, et n’ayant plus la force ni la volonté de se mou voir, à côté du fatal monceau de paille, il reste sans voix, sans souvenir, sans idée, ainsi qu’une pierre de plus parmi les pierres du donjon Son confident était mort la nuit même où le Seigneur de Falkenstein avait disparu: pen dant des jours et des semaines ses valets avaient cherché leur maître, sans se douter qu’il put être muré dans la prison de la tour isolée du château. Après de longues années la prison fut ou verte, pour servir peut - être de tombeau à quelque victime infortunée. On y trouva deux squelettes. A des vêtements presque réduits en