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136 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878. ce vide est encore plus sensible quand il s’agit des tissus de couleur. Rien n’a pu remplacer ces magnifiques collections que l’Alsace préparait avec tant de discrétion, élaborait avec tant de soin et mettait au jour avec une si riche abondance. Elle a bien pu et su imposer ses impressions pour les beaux articles, pour les cretonnes et percales fines; mais elle n’a pas pu lutter pour les articles moyens et ordinaires. L’Angleterre et la Normandie se sont disputé le marché français; Rouen paraît l’avoir emporté, surtout pour l’article commun. Rouen fait assurément très bien l'impres sion, mais en visant au bon marché, au chiffre, il lui a fallu chercher des économies sur les frais généraux et sur la main-d’œu vre. Les dessins sont beaucoup moins variés et moins distingués que ceux des collections d’Alsace; les tissus employés beaucoup plus communs et moins réguliers ; en somme, l’impression est moins soignée et moins fine. Si nous avons aussi longuement in sisté sur les qualités des produits des pays annexés, ce n’est pas seulement parce que nous en déplorons la perte, en notre double qualité de Français et de manufacturier, c’est aussi parce que ces produits, en passant en pays étranger, ont servi, servent et servi ront longtemps encore, pour notre malheur, de matériaux à nos concurrents d’outre-Rhin. L’annexion de l’Alsace a porté à notre industrie le coup le plus rude qui pût la frapper. Jamais, sans la triste guerre de 1870,1a lingerie n’aurait pu prendre, en Alle magne, un développement aussi rapide et aussi considérable. Les tissus de fil, quand ils s’appliquent aux chemises d’hommes et de femmes et aux faux cols, collerettes et manchettes, sont presque toujours tirés d’Irlande (nous en dirons quelques mots plus tard); et, quand ils s’appliquent aux caleçons, d’Armentières, de Chollet, de Lille, de Vimoutiers et de Lisieux. On emploie quel quefois pour les caleçons la toile anglaise; plus souvent, depuis plusieurs années, une toile mixte, dite toile union, et qui est fa briquée aussi à Belfast. Les tissus de laine viennent presque tous de Reims, très rare ment de Glasgow. La chemise de flanelle n’a jamais pu prendre une très grande extension comme article d’exportation ; elle est plutôt, en France, destinée à la consommation intérieure et du res-