DE LA NÉCESSITÉ DE CRÉER EN ALGÉRIE UNE ÉCOLE PROFESSIONNELLE POUR LA FABRICATION DES TAPIS D’ORIENT. Dans un rapport que nous avons eu l’occasion de présenter à M. le Ministre du commerce comme membre de la Commission permanente des valeurs de douane (session de 1881), nous avons signalé à son attention l’avantage qu’il y aurait à améliorer et à développer dans nos départements algériens l’industrie des tapis d’Orient. Les tapis de l’Algérie sont loin d’avoir la réputation de ceux de l’Orient, et cela tient à des causes diverses. Les tapis turcs et persans doivent leur renommée à l’originalité des dessins, autant qu’au système de l’ornementation, à la beauté des couleurs, à la solidité des teintures. Le velouté est très épais, le tissu excellent. Les tapis algériens n’ont pas cet ensemble de qualités. Ils sont fabriqués pour la consommation du pays, sans qu’aucun effort ait jamais été fait pour introduire des progrès dans le travail. Les Arabes tissent en général les tapis sous la tente, en famille, pour leurs besoins ou la vente dans un étroit rayon. Il n’y a pas de centre manufacturier, il n’y a aucune direction. Voilà donc une fabrique intéressante qui peut devenir impor tante, qui l’est dans d’autres contrées orientales et qui reste lan guissante et arriérée en Algérie, tandis qu’il serait facile de lui donner un rapide essor. Ce n’est pas l’industrie privée qui peut entreprendre cette tâche : un homme n’y suffirait pas, et, si cet homme se rencontrait, il ne réunirait pas les capitaux nécessaires.