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— 3 — Dans certaines villes, à Venise, à Alençon et à Argentan par exemple, la dentelle était communément faite à 1 aiguille; dans d autres, comme à Malines et à Valenciennes, on. ne se servait que de fuseaux; enfin, il exislait des localités, telles que Bruxelles, où les deux procédés étaient employés simultanément dans une seule et même dentelle. D ailleurs, les différentes villes, même celles qui suivaient le même procédé de fabrication, ne produisaient cependant pas les mêmes dentelles. Cette variété avait plusieurs causes : d’abord la qualité différente de la matière première mise en œuvre ; ensuite, certains changements de détail dans le procédé technique ; enfin, le caractère particulier des fleurs et la manière de les exécuter, soit en plat, soit en relief. Voici les principales variétés de dentelles avec leurs caractères distinctifs : a) La dentelle de Venise est généralement faite à l’aiguille. Les plus anciennes dentelles de Venise remontent au xvi' siècle et présentent souvent l’aspect d’une bordure munie d’une succession de dentelures triangulaires ou cintrées; les dessins tracés par les ornements sont presque toujours géométriques. De ce nombre est la reticella, qui a reçu ce nom parce que son réseau offre de l’analogie avec un filet à mailles, rete. (Pl. II, i; V, 2 ; VI, 2, et XXI, 3.) La reticella s exécutait quelquefois sur un réseau obtenu par le système du fil tiré, c’est-à-dire en enlevant et en reservant alternativement, dans un morceau de toile, un certain nombre de fils de la trame et de la chaîne. D’autres fois, elle s’exécutait sans l’aide de réseau-canevas subjacent ; et dans ce cas, elle s’appelle punto in aria, point en l’air. Au commencement du XVII e siècle, on se mit à fabriquer à Venise, des dentelles dont le dessin imite un lacet ou ruban contourné sur lui-même et réuni par des brides à picots. Cette variété, une des plus belles parmi les dentelles vénitiennes, porte le nom de point de Venise proprement dit. Lorsque les lacets sont étroits et les fleurs irrégulières, on l’appelle également point de neige, à cause de son aspect floconneux. Vers le milieu du xvii' siècle apparaît la dentelle appelée gros point de Venise,' en italien punto tagliato a fogliami, c’est-à-dire point coupé orné de feuillages. Cette dentelle, où l’on voit des rinceaux largement traités et executes en relief, n’a rien de commun avee le punto tagliato proprement dit, dont nous avons fait connaître les deux espèces ci-dessus ; car le procédé d’exécution de la dentelle dont nous parlons en ce moment se rapporte au point en l’air et non pas au point coupé. (Pl. XIX; XX, 3; XXIII, 1 et 2.) Une variété de ce point de Venise est le point à la rose, ainsi nommé à cause de la présence, dans les ornements, de petites rosettes à pétales régulières. (Pl. XIV, 2; XV.) Comme nous lavons deja fait observer dans quelques dentelles, qui constituent des imitations du gros point de Venise, les dessins principaux sont formés au moyen de lacets tissés. On a aussi fabrique a Venise, mais exceptionnellement, des dentelles au fuseau. Les Italiens les nomment merletti a fusi ou a piombini. Les autres villes de l’Italie septentrionale, notamment Gênes, Milan et Burano, ont produit, au xvil' et au XVIII' siècle, des dentelles présentant une grande ressemblance avec les fabrications vénitiennes. (Pl. II, 2; V, 1; IX; XXI, 1 et 2.) b) Dentelles ou guipures de Brabant et de Flandre. Au XVII e siècle, on a fait, en Belgique, beaucoup d’imitations du point de Venise ou point de neige. Ces imitations, exécutées au fuseau, ont un aspect plus souple et plus plat que les originaux vénitiens, qui sont des travaux à l’aiguille. Elles ont généralement, comme ceux-ci, la forme de rubans sinueux reliés par des brides à picots La ville de Bruges fut un des principaux centres de cette fabrication. (Pl. X, 2; XVIII ; XXIV, 1, 2, 3 et 4.) Plus tard, Bruges et la Plandre ont produit des dentelles au fuseau, connues sous le nom de guipures de Flandre, dans lesquelles dominent de grandes fleurs et des rinceaux à contours souvent assez vagues. (Pl. X, 1.) c) La dentelle de Bruxelles est une des plus estimées ; elle se distingue par la beauté de son fond, l'élégance et la perfection de ses fleurs. Le fil qui entre dans sa composition est d’une ténuité extraordinaire et d’une cherté excessive ; il se vend de 4.000 à 6,000 francs le demi-kilogramme. On le file dans des caves ou des endroits humides,