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Sous le rapport des procédés d’exécution, les dentelles peuvent être rangées en quatre classes principales : le lacis, la dentelle à fil tiré, la dentelle à Vaiguille et la dentelle au fuseau. a) Le lacis se compose d’un réseau filoché à mailles carrées ou losangées, sur lequel les dessins sont brodés ou, comme on dit, reprisés à points comptés. On l’employait beaucoup pour les garnitures de lit et les nappes d’autel. Presque tous les lacis sont en fils de lin blancs et disposés en damier. Il y en a toutefois aussi — et ce sont généralement les plus anciens, — en soie de différentes couleurs. (Voyez des exemples de lacis, pl. XXV, XXVII, i, et XXX.) b) La dentelle à fil tiré n’est qu’une broderie à l’aiguille, faite sur un morceau de toile unie très fine, dont on a enlevé en tirant un certain nombre de fils, pour le transformer en une espèce de canevas résilié et ajouré, presque semblable au canevas dont se servent nos brodeuses modernes. Les fils conservés sont ensuite amincis ou transformés par la broderie de manière à présenter les dessins les plus gracieux et les plus variés. Ce procédé s’appelle en italien punto tirato et en anglais drawnwork. (Pl. VIII.) Outre ce point, il en est encore quelques autres, notamment le point coupé, punto tagliato des Italiens ou cuiwork des Anglais. Le point coupé est de deux espèces. La première, qui ne constitue qu’une variété du point ou fil tiré ne transforme pas toute la toile en canevas, mais en réserve et laisse intactes certaines parties, quelle circonscrit et entoure de points de boutonnière pour les couvrir ensuite de broderies. Dans la dentelle obtenue par ce procédé, on distingue facilement les parties épargnées de celles où les fils sont enlevés. L’industrie de cette dentelle était autrefois très prospère en Belgique, à Dinant et aux environs de cette ville. Le travail pour la faire est long et difficile ; aussi exige-t-il, chez la personne qui l’entreprend, une patience à toute épreuve, une grande habileté, des mains délicates et exercées. (Pl. XXII, 2 ; XXIX, i et 2.) Pour obtenir la seconde variété de point coupé, on dessine en couleur, sur la toile, le dessin que l’on veut reproduire, et on l’entoure de points de feston ; il ne reste plus alors qu’à enlever au moyen de ciseaux les parties de la toile qui doivent disparaître. Toutes nos brodeuses modernes sont familiarisées avec ce travail qui est d’une grande simplicité. Chez les Italiens, le punto tagliato a encore une troisième signification que nous faisons connaître ci-dessous. c) La dentelle ou point à l'aiguille (en anglais needle point) est, comme son nom l’indique, entièrement travaillée à l’aiguille, d’après un dessin ou patron tracé d'ordinaire sur un morceau de parchemin. Cependant on se sert quelquefois d’un lacet tissé pour former les lignes sinueuses des fleurs ; ce lacet, ainsi plissé, est définitivement fixé au moyen de brides picotées, et les intervalles trop grands sont remplis de fleurs brodées à l’aiguille. d) La dentelle au fuseau est tressée sur un carreau ou coussin au moyen de fils enroulés sur de petites bobines appelées fuseaux. Le carreau se compose d'une planchette carrée ou ovale, rembourrée de manière à former un coussin ; l’ouvrière le place sur ses genoux. On fixe sur le carreau une bande de parchemin portant le dessin à reproduire indiqué par des piqûres. Dans ces piqûres, on enfonce des épingles qui pénètrent le coussin. Les fils qui doivent entrer dans la composition de la dentelle sont dévidés sur des fuseaux, petits ustensiles de bois, menus et allongés, terminés à leur extrémité supérieure en forme de bobine pour recevoir le fil. Chaque fil a son fuseau ; en tordant et en tressant ces fils, on forme le fond de la dentelle; les fleurs ou ornements s’obtiennent en croisant les fils à la façon des tissus. Dans certaines dentelles, par exemple dans celle de Malines, on entrelace au fil du réseau un fil particulier plus gros, qui suit les contours du dessin tracé sur le patron. Ce fil est destiné à accentuer les ornements. Les noms flamand de kussenkanl et anglais de pilloiu lace (c’est-à-dire dentelle au, coussin), employés pour désigner la dentelle au fuseau, sont empruntés au coussin dont on se sert pour la travailler. On a l’habitude de désigner les différentes variétés de dentelles à l’aiguille et au fuseau par les noms des pays et des villes où elles ont été fabriquées couramment aux siècles passés.