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— 5 — les tabliers, les jupons, les éventails, les gants, etc., le tout garni de dentelles. A partir de cette époque, le nom de dentelle de Bruxelles semble disparaître : il n’y a plus que du prétendu point d’Angleterre, et quoiqu’on sût bien ce qu’il en était, le mot prévalut. Toutefois, en consultant les inventaires royaux du temps, à Londres, nous n’avons trouvé aucune mention de point d’Angleterre, tandis qu’en France, les gazettes de modes appellent l’attention du lecteur sur « les corsets chamarrés de point d’Angleterre » , sur les vestes, gants et cravates garnis du même point. « (Ibid., p. 106.) d) La dentelle de Malines est entièrement faite au fuseau ; on l’exécute d’une seule pièce, c’est-à-dire fleurs et fond ensemble. Ce qui caractérise les dentelles de Malines, c’est un gros fil plat qui circonscrit les fleurs et leur donne l’aspect d’une broderie. Les mailles sont régulièrement plus petites que celles de la Bruxelles. On la fabriquait autrefois à Anvers, à Lierre et à Turnhout, aussi bien qu’à Malines. C’est une des plus jolies dentelles, qui, par sa légèreté et par sa transparence, produit beaucoup d'effet. Aussi les poètes anglais du XVII e siècle l’ont-ils surnommée la a reine des dentelles « . Sa fabrication a beaucoup diminué de nos jours. (Pl. XXII, I.) La dentelle d'Anvers ne diffère guère de celle de Malines. Nous devons toutefois mentionner, comme propres à Anvers, les garnitures appelées pottekant, dentelles à pots, à cause du vase de fleurs qui figure dans leur dessin. Quant au trollekant, également attribué à Anvers, nous ne pouvons voir, dans ce mot, qu’une altération du nom de drolkant, dentelle torchon, faite par des auteurs étrangers ignorants de la langue flamande. Inutile, croyons-nous, de chercher une autre explication à ce nom. On appelle torchon une dentelle grossière, faite avec du fil d’étoupe de lin. e) La dentelle de Binche, entièrement faite au fuseau et d’une seule pièce, présente ordinairement des fleurs et des fonds résiliés très serrés. Ce sont presque toujours des barbes et des garnitures décorées de gracieux rinceaux. (Pl. XI, i, 2 et 4; XXVIII, 1.) f) La dentelle de Valenciennes, déjà connue au commencement du XVII e siècle, devint célèbre sous le règne de Louis XIV et atteignit son plus haut degré de prospérité de 1725 à 1780. La Valenciennes se fait entièrement au fuseau, et le même fil sert pour les fleurs et pour le fond. La plus soignée était travaillée dans des lieux humides. Les véritables Valenciennes se distinguent par la beauté du fond, la perfection des fleurs et légalité du réseau. Celui-ci était le plus souvent à mailles losangées, quelquefois à mailles rondes ou hexagones. Dans cette dernière espèce, tous les côtés des mailles sont tressés ; ce qui lui donne une force extraordinaire, car dans les autres dentelles il n’y a que deux côtés tressés; les quatre autres sont simplement tordus. (Pl.VII, 2; XI, 3.) On appelle vraies Valenciennes les dentelles faites dans la ville même et dans les environs immédiats, et fausses Valenciennes ou Valenciennes bâtardes, celles qui étaient fabriquées, à la façon de Valenciennes, dans quelque autre ville de France ou des Pays-Bas. g) La dentelle d'Ypres ne date que du milieu du XVII e siècle. L’industrie dentellière fut introduite dans cette ville par des ouvrières de Valenciennes. Aussi les dentelles d’Ypres sont-elles au fuseau et offrent la plus grande ressemblance avec les Valenciennes ; leurs mailles sont régulièrement losangées. Les produits d’Ypres sont de belle qualité et d’un travail achevé. h) La detitelle d'Alençon, appelée aussi point de France, occupe le premier rang parmi les dentelles françaises. Jusqu’au milieu du XVII e siècle, la France était restée tributaire de l’Italie et de la Belgique pour les dentelles dont elle se servait luxueusement. Dès l’année 1660, Louis XIV défendit tous » passements, tous points coupés étrangers, tous points de Gênes. « Cinq années plus tard, Colbert, alors secrétaire du cardinal Mazarin, obtint la fondation, à Alençon, d’une manufacture de dentelles, et fit, à cet effet, venir des ouvrières de Venise. Son entreprise réussit admirablement. La dentelle d’Alençon est entièrement faite à l’aiguille sur un patron de parchemin divisé en morceaux ; ces morceaux sont ensuite réunis par des joints invisibles. Comme dans le point de Bruxelles, chaque partie est exécutée