AUX MONTAGNES ROCHEUSES 15 ornements de guerre, et à côté on voit des provisions de toute espèce, viandes sèches, tabac, poudre et plomb, fusil, arc et flèches. Pendant plusieurs années, les fa milles viennent au printemps renouveler ces provisions. Ils ont l’idée que l’âme voltige longtemps dans le voi sinage du lieu où le corps repose, avant qu’elle prenne son essor vers le pays des âmes. Après sept jours de marche le long de la Plate , nous arrivâmes dans les plaines habitées par les buffles. De grand matin , je quittât seul le camp pour les voir plus à mon aise ; j’en approchai "par des ravins, sans me montrer et sans leur donner le vent qui m’était favo rable. C’est l’animal qui a l’odorat le plus subtil ; il lui fait connaître la présence de l’homme à la distance de quatre milles , et aussitôt il s’enfuit', cette odeur lui étant insupportable. Je gagnai inaperçu une haute colline , semblable par sa forme au monument de Waterloo ; de là je 'jouissais d’une vue d'environ douze milles d'é tendue. Cette vaste plaine était tellement couverte d'a nimaux , que les marchés ou les foires d’Europe ne vous en donneraient qu’une faible idée. C’était vraiment com me la foire du monde entier rassemblée dans une de ses plus belles plaines. J’admirais les pas lents et ma jestueux de ces lourds bœufs sauvages, marchant en file et silence, tandis que d’autres broutaient avec avi dité le riche pâturage qu'on appelle l'herbe courte des buffles. Des bandes entières étaient couchées sur l’herbe au milieu des fleurs : toute la scène réalisait en quel que façon l’ancienne tradition de l’Ecriture sainte, par lant des vastes contrées pastorales de l’Orient, où il y avait des animaux sur mille montagnes. Je ne pouvais me lasser de contempler cette scène ravissante, et pen dant deux heures je regardai ces masses mouvantes dans le même étonnement. Tout à coup l’immense armée pa rut éveillée ; un bataillon donnait l’épouvante à l’autre, toute la troupe était en déroute, fuyant de tous côtés.