VOYAGE AUX SOURCES 86 chait ; on lui amenait les enfants malades pour qu’il les bénît, et, quand il passait dans les rues, on s’empressait autour de lui pour baiser ses mains et ses habits. L’amour de la nouveauté avait certainement sa part dans cet enthou siasme; cependant elle n’en était point l’unique cause. Je mangeais tous les jours au palais avec le père Joseph ; ce n’était ni un homme instruit ni un homme d’esprit, mais, ce qui vaut mieux, il était régulier, charitable, plein de douceur et de patience, gai, d’un caractère égal, et, comme le peuple ne trouvait malheureusement que des vices dans les prêtres qu’il avait tous les jours sous les yeux, il n’avait pu voir, sans une admiration profonde, un homme véritablement chrétien. Telle est l’impression que durent produire sur les païens les exemples des premiers fidèles.