DU RIO DE S. FRANCISCO. 309 molle oisiveté ; quelques instants de splendeur et de pro digalité; une triste décadence et des ruines : telle est, en deux mots, l’histoire de la province de Goyaz; telle est à peu près celle de tous les pays aurifères. Les anciens Paulistes se répandaient dans l’intérieur du Brésil pour faire la chasse aux indigènes. Ceux-ci, réduits en esclavage, formaient une des richesses des habitants de S. Paul, et plus d’une maison puissante possédait, dans cette ville, jusqu’à six cents Indiens (1). Un Pauliste qui s’é tait ainsi enfoncé dans les déserts pour y faire des esclaves, Manoel Correa, pénétra, avant l’année 1670, jusqu’à une rivière appelée Rio dos Araes (2), dans le pays qui forme aujourd’hui la province de Goyaz, et il revint dans sa patrie avec de l’or et des Indiens enchaînés. Correa, en mourant, laissa l’itinéraire des contrées qu’il avait parcourues; mais son ignorance était telle qu’il fut impossible de profiter de ses manuscrits. Vers l’année 1680, un autre Pauliste, Bartiiolomeü Bueno da Silva , arriva au lieu où est actuellement situé Villa Boa, et qui, alors, était occupé par les pacifiques Indiens de la nation govâ. Les parcelles d’or dont s’or naient les femmes de ces sauvages trahirent la richesse du pays. Pouren soumettre les habitants, Bueno eut recours au stratagème, en apparence, le plus puéril ; il alluma un vase plein d’eau-de-vie devant les Indiens étonnés, et les me naça de brûler de la même façon eux et leurs rivières s’ils osaient lui résister. Les Indiens se soumirent, et Bueno, après avoir laissé quelques plantations dans leur pays, rc- (1) La loi ne permettait de rendre esclaves que les indigènes faits pri sonniers dans une guerre légitime; mais cette loi était sans cesse éludée. (2) Les Araes ou Aracis étaient une peuplade indienne.