88 VOYAGE AUX SOURCES un pantalon de toile de coton, par-dessus lequel était passée sa chemise, suivant l’usage des toucheurs de mulets et des gens du commun ; d’ailleurs il n’avait sur le corps qu’un gilet d’une étoffe grossière, et sur sa tète il mettait un cha peau de Mineiro. Les femmes de la maison avaient pour tout vêtement une jupe et leur chemise, et sur leur tête elles por taient un mouchoir. Après avoir quitté Sitio, je passai, dans un espace de 5 lieues portugaises, devant deux ou trois chaumières peu importantes, et je laissai sur la gauche le village de Turvo, qui est situé dans un fond. Je voyais, dans le lointain, la Serra da Juruoca, qui s’élève beaucoup au-dessus de tous les mornes et se trouve à 8 lieues de l’endroit où j’allais faire halte. Depuis Sitio jusqu’à peu de distance de S. Joâo, je ne rencontrai absolument personne dans les chemins. Je dé couvrais une vue d’une étendue immense, mais rien qui arrêtât mes regards ; partout des solitudes aussi monotones qu’elles sont vastes. Dans la saison où l’on était alors (février), les campas offrent ordinairement la verdure la plus fraîche; mais la sé cheresse avait été si forte cette année-là, que l’herbe était aussi desséchée qu’elle l’est communément pendant les mois de juin et de juillet. Quant aux bouquets de bois, ils offraient encore une très-belle verdure, et au milieu d’eux se faisaient re marquer deux grands arbres en fleur d’un très-joli effet. L’un était un Vochysia chargé de longs épis d’un jaune doré ; l’autre, que j’avais déjà vu dans tous les bois vierges, depuis le Parahyba, était le Chorisia speciosa, Aug. S. HiL, Juss., Camb., dont les feuilles sont composées de cinq fo-