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dresser le profil pendant la construction, de sorte que les traits géologiques ne sont connus que dans leur ensemble. —Le tunnel du Simplon, qui est sur le point de passer dans le domaine de l’exécution, avait déjà été le sujet de quelques études géologiques en 1859, mais en 1877, le projet revenant au jour, on chargea MM. Heim, Lory et Renevier d’examiner les deux tracés proposés; il s’agissait alors d’un tunnel droit. En 1882 ces géologues furent rappelés sur le terrain pour examiner un projet de tunnel coudé*. On leur adjoignit M. Taramelli, professeur à l’Université de Pavie. Le nouveau tracé, quoique plus long que le premier, était dans des conditions géologiques plus favorables, mais pourtant les experts en proposèrent un plus long encore (20 kilomètres), afin d’éviter les dangers les plus redoutables dans la construction de ce tunnel: une haute température, le gypse et l'eau 1 2 . —Je terminerai en citant un projet plus grandiose encore que le percement des Alpes, celui d'un tunnel sous la Manche, pour lequel les experts ont eu à déterminer s’il existe une couche imperméa ble dont l'allure permette l’établissement du tunnel sans risquer de la traverser et de tomber sur une couche pouvant offrir de grandes difficultés 3 . En un mot, il fallait tracer une carte géologique sous-marine, ce qui nous amène à mention ner les cartes géologiques indiquant le sous-sol. —Un des plus beaux exemples nous est fourni par la Belgique, pays en grande partie recou vert d'un manteau de limon qui empêche de se rendre compte de la nature du sous-sol. On comprend combien ce fait est préjudiciable à un pays où l'industrie a un développement considérable, aussi le gouvernement décida-t-il le levé et la publication d'une carte géologique à l’échelle de 1:20000, indiquant le sous-sol. Grâce à cette carte, il sera possible de retrouver presque à coup sûr les prolongements sou terrains d’une quantité de matières utiles exploitées en carrière ou souterrainement. Elle permettra en outre de savoir à quelle profondeur on devra pousser les fondations des constructions importan tes et sur quels points on aura quelques chances de trouver de l’eau. Le levé de cette carte a subi une interruption qui, espérons-le, ne sera que de peu de du rée. Son utilité nous paraît d’autant moins contestée dans ce pays, que le gouvernement a chargé deux des principaux géologues qui y étaient employés, de faire l’étude géologique et hydrologique de l’emplacement des nouveaux forts de la Meuse. L’écroulement récent, par suite de glissement de terrain, d'une muraille du fort de Rupelmonde près d’Anvers, construit il y a la ou 20 ans, prouve que ces études étaient non seulement un acte de prudence, mais bien une nécessité. Il s’agissait de la construction de 12 forts aux environs de Liège et de 9 aux environs de Namur, et l'on ne demandait pas seulement aux experts les indications relatives aux assises sur les quelles pourraient reposer les fondations, mais encore, de trouver l’eau nécessaire pendant et après la construction. 1 Renevier. Structure géologique du massif du Simplon. Profils géologiques suivant les deux tracés, à l’échelle de 1 : 50000. Lausanne, 1877. Heim, Lory, Taramelli et Renevier. Étude géologique sur le nouveau projet de tunnel coudé, traversant le massif du Simplon. Profil 1 :50000. Lausanne, 1883. 2 II est connu de tout le monde que le gypse en grandes masses à l’intérieur du sol se trouve généralement à l’état anhydre, et que son hydratation au contact de l’air et de l’humidité a lieu avec une telle force d’expansion que plusieurs tunnels traversant des masses de gypse ont dû être complètement abandonnés. 3 De Lapparent. Les plissements de la craie entre la France et l’Angleterre, à propos du chemin de fer sous-marin (Congrès international de géologie tenu à Paris en 1878, p. 52). Carte géologique détaillée de la France, feuille 1.