DE LA NaTURÊ 8j droites , les roses bien épanouies et les femmes brillantes qui nous plaisent le plus. Mais les vallées ombreuses , les routes qui serpentent dans les forêts, les fleurs qui s’entr’ouvrent à peine , et les bergeres timides excitent en nous de plus douces et de plus durables émotions. L’amour et le respect des objets augmen tent par leurs mystères. Tantôt c’est celui de l’antiquité qui nous rend tant de mo- numens vénérables ; tantôt c’est celui de l’éloignement qui donne tant de charmes aux objets de l’horizon ; tantôt c’est celui des noms. Voilà pourquoi les sciences qui ont conservé des noms grecs , qui ne signifient souvent que des choses très- communes , nous impriment plus de res pect que celles qui n’ont que des noms modernes , quoique celles-ci soient sou vent plus ingénieuses et pL's utiles. Voilà pourquoi , par exemple, Ja construction des vaisseaux et la navigation sont moins estimées de nos snvans modernes , que plusieurs autres sciences physiques , qut ne sont souvent que frivoles , ruais qui portent des noms grecs. Ainsi , l’admi ration n’est point une relation de l’esprit * ou une perception de notre raison ; mais un sentiment de Pâme qui s’élève en nous, par je ne sais quel instinct de la divinité , à la vue des choses extraordi naires , et par le mystère même qui les environne. Cela est si certain , qu’elle se