284 TABLEAUX dont voici le fens : Seller de bon matin Jon cheval SC Je tnettre tard en route ; telle eft la coutume des habitans de Lucerne. Mais on pourroit appliquer ce proverbe à bien d’autres nations. Les habitans de Lucerne paflent généra* lement pour avoir l’efprit Taillant & inventif. On les dit intérefies. Mais quel eft le peuple aujourd’hui chez qui le defir ardent des richeiïes n’ait pas pénétré ? Le luxe empêche le mariage dans plufieurs Cantons , fur-tout dans les Gouvernemens plus ou moins arifto- cratiques , & fans une loi établie à Berne qui prefcrit le mariage à tout citoyen , s’il veut prétendre aux Bail liages , le goût du Célibat y deviendroit prefque géné ral. Ce que les peres donnent à leurs filles, lorfqu’ils les marient, ne fuffit pour ainfi dire pas au quart de leur en tretien. Un mari fe trouve chargé d’une nombreufe fa mille , indépendamment des dépenfes extraordinaires qu’il eft obligé de faire pour la parure , le jeu ôc les autres fan- taifies de fa femme , qui peuvent monter fort haut, fi elle n’eft pas raifonnable. De-là un grand nombre de jeunes gens aiment mieux ne pas fe marier , que de s’expofer dans un pareil labyrinthe, parce que fouvent l’héritage qu ils ont en perfpe&ive à la mort de leurs peres , pourroit être confommé d’avance ; d’autant plus que les peres font fou- vent encore d’un âge au-deffous de quarante ans , lorf qu’ils marient leurs enfans. Le luxe (34) oblige le riche qui veut figurer, 6t l’homme à revenus médiocres, mais Ton égal au moins à bien des égards, & qui veut l’imiter, (54) Avis au peuple fur fa fanté, par M, Tiflot, tome I, p. 6,7> Paris, 1767, m-iî.