place à des dunes qui les séparent à jamais des Ilots qui jadis leur apportaient, en même temps que la vie commer ciale, les richesses du monde. Aussi n’exisle-t-il pas de villes sur les embouchures des fleuves se déversant dans la Méditerranée; et en voici les causes : Aux embouchures des fleuves océaniques, le courant d’une part, le flux et le reflux de l’autre , produisent deux mouve ments en sens contraires, dont les effets détruisent les barres, en emportant au large les terres apportées par le flux. Le courant du fleuve aide l’action de la mer; de ces deux causes utiles pour dégager les embouchures, l’une manque dans la Méditerranée, et dans toutes les mers intérieures, c’est le flux et le reflux. Les fleuves méditerranéens, abandonnés à leur seule force, ne peuvent lutter contre la mer du large; aussi les barres se forment, empêchent la création des villes aux embouchures, et obstruent les passes navigables aussitôt qu’elles y sont établies. C’est ainsi que jusqu’à ce jour le Rhône, ce Nil fran çais, est une voie morte pour notre commerce ; le canal Saint- Louis seul peut le rendre à la vie. D’après ce que nous venons de dire, on comprendra la for mation des deltas, de ces territoires avancés que la géologie appelle terres d’alluvion et qu’on trouve aux embouchures de tous les fleuves. Dans l’Océan, les bouches des fleuves font golfe; dans les mers intérieures elles font saillie. Le Tibre a ses ruines ; Le Nil a enseveli Péluse; Le Pô a perdu Ravenne ; Le Rhône, Aigues-Mortes; L’Argens, Fréjus.