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LA TERRE DE SERVITUDE. 11!) — Est-ce que tu souffres beaucoup, Isa? demanda Sélim. — Oh oui ! beaucoup. Ma tête me fait mal comme si elle allait éclater, et mes reins me font horriblement souffrir. Ce ne sont pas les coups de ce chien sauvage de Tifoum, c’est autre chose. Je pense que c’est quelque chose de grave ; » et le pau vre Isa, qui souffrait réellement, se mit à gémir. « Je n’arri verai jamais au pays de ces maudits Ouatoutas, mon mal est trop sérieux. » En effet, Isa avait la petite vérole. Le lendemain matin, il lui fut impossible de continuer à marcher. Quand il se coucha pour ne plus se relever, Tifoum eut la harbaric de le frapper à coups de fouet, pour le contraindre à reprendre sa marche. Sélim ne put supporter une pareille cruauté; oubliant, dans sa généreuse indignation, à qui il avait affaire, il lança son far deau à la tète de Tifoum. Ensuite, profitant de la stupeur où l’avait plongé cette attaque imprévue, il lui arracha son fouet et se mit à l’en frapper de toutes ses forces. Tifoum, revenu de son étonnement, se jeta sur lui, le renversa, et ne cessa de le battre que quand il eut peur de l’avoir tué. Coupant la corde qui liait Sélim à ses compagnons, il se lit apporter de l’eau et lui en versa sur la tète, pour le faire reve nir de son évanouissement. Alors Tifoum montra qu’il avait su profiter des leçons de cruauté que donnaient tous les jours les marchands d’esclaves. Tremblant de colère, il fit apporter cette espèce de carcan de bois, armé de deux fourchons, un peu écartés l’un de l’autre, dont les marchands font usage quand un esclave se montre trop récalcitrant. Quand le bois est encore vert, ce carcan peut bien peser trente livres ; vingt, quand le bois est sec. Le bois de celui que Tifoum fit apporter était encore vert. Le cou du pauvre Sélim, qui sortait à peine de son évanouis sement, fut emprisonné entre les deux fourchons, dont les