65 une pluie douce, on peut s’attendre à une récolte de mousserons, qui percent de par-tout entre les fentes du plancher. Les portes sont aussi basses et étroites, que celles d’un paquet- bot. Ces chambres n’ont eu, depuis nombre d’années, d’autres habitants que certains rats, très-dignes par leur âge de ce lieu vénérable, car le tems les a rendus tout gris. Comme jusqu’à ce jour ils n’ont point abandonné leur manoir, il est à espérer que cette antique construction ne s’écrou lera point pendant le peu de tems qui reste à vivre à ces pauvres animaux. Réellement ils sont trop infirmes et trop décrépits, pour pouvoir songer à changer de demeure. Quelque peu de livres qui y traînent encore, fournissent à leur subsistance journalière. Je n’aurais jamais vu la moitié de ce que je viens de Vous décrire, sans un vieux concierge à cheveux blancs, qui lui-même est une antique aussi curieuse que le château. Au premier coup d’oeil on le prendrait pour un ancien portrait de famille^ qui se promène, détaché de son cadre. En nous conduisant de chambre en chambre, il nous a fait part de diverses anecdotes sur la famille. La porte d’une de ces chambres était condamnée, et notre guidé nous confia à l’oreille la raison de cette particularité. Il paraît qu’un crime y a été commis, il y a environ deux cents ans. Depuis ce tems, le lieu du délit avait été cadenassé et flétri du nom de chambre de revenants. On prétend qu’un spectre s’y promène