HOTEL DE VILLE DE SALNT-ANTONIN DOUZIÈME SIÈCLE. Les hôtels de ville, les bâtiments municipaux de nos anciens temps, de quel que importance qu’ils soient, sont rares en France aujourd’hui. Les débris qui nous en restent épars çà et là doivent donc être recueillis avec d’autant plus de soin et d’empressement. C’est pourquoi nous voulons mettre à profit la décou verte, ce n’est pas trop dire, de l’un des plus charmants spécimens de ce genre d’édifices que recèle encore une de nos provinces d’outre-Loire. Dans ses labo rieuses recherches, un crayon à la main, à travers nos campagnes du Midi, dans ses persévérantes et précieuses récoltes de dessins de nos monuments, l’un des premiers rénovateurs de notre art et de notre goût national, et l’un de nos plus illustres maîtres dans la grande œuvre d’une autre renaissance , M. Viollet Leduc a rencontré sur son chemin un de ces objets de prix à ses yeux qui, si modeste qu’il fût en étendue, n’en a pas moins sollicité le zèle de son infatigable et beau talent. C’était une ruine d’origine française que l’artiste avait trouvée sous ses pas, et à ce titre il a cru devoir s’attacher avec le sentiment passionné de sa mission à ces restes mutilés. Sa main les a fait revivre pour une plus longue vie peut-être que celle qu’ils ont déjà traversée. Grâces lui soient ren dues pour cette résurrection artistique qu’il a si heureusement opérée d’une simple mairie dans une de nos localités les plus reculées et les plus perdues depuis longtemps dans l’oubli. La petite ville de Saint-Antonin est située dans une admirable vallée qu’arrose l’Aveyron, rivière sinueuse, qui donne son nom au département, composé pour une grande part de l’ancien Rouergue. Ses pieds sont aussi baignés par les eaux d’un fort ruisseau, la Bonnette, qui contribue de son côté à faire comme une presqu’île de son sol. Une position si favorisée de la nature avait dû faire, au moyen âge, de ce centre de population un de ces foyers de vie municipale comme le midi de la France en renfermait tant à cette époque. Quoiqu’il soit resté très-peu de traces de ce mouvement à travers les annales de la province,