SAN GEMIGNANO EN TOSCANE DOUZIÈME ET TREIZIÈME SIECLES Entre Sienne et Florence, non loin de Colle, il existe encore aujourd’hui, perdue dans les Appenins, à une longue distance de toute grande voie de com munication, une cité tout entière, telle qu’elle sortit des mains de ces hères et belliqueuses populations des temps féodaux de l’Italie. Cependant, cette ville a vil peu à peu s’amoindrir et puis disparaître l’importance politique de sçs commen cements. Elle est réduite depuis longtemps à n’être plus qu’un bourg considé rable, où n’abordent que de rares voyageurs attirés de ce côté par le seul intérêt de ses antiquités. Et, certes, elle a droit à ce long détour des pèlerins de l’art et de la science; car elle a conservé les traits les plus saillants de son origine, avec tous les signes distinctifs les plus propres à caractériser le système féodal qui se développa avec tant de vigueur dans ces parages. Son nom est San- Gemignano. Posée comme une couronne crénelée au front d’un de ces monts ondulés que la plus intelligente culture a envahis depuis la base jusqu’au sommet, elle présente, de loin comme de près, un aspect d’un effet incomparable en son genre. Rien de ce qui nous entoure et de ce que nous connaissons jusqu’ici ne peut nous en donner une juste idée; rien de ce que nous avons découvert ne peut nous retracer une image qui approche de la beauté de l’original. C’est précisément cette impossibilité de faire partager, même à l’aide de la des cription la plus exacte, l’impression que produit sa première vue, qui nous a déter miné à donner le dessin général, le panorama prisa la chambre claire de celte sin gulière et pittoresque localité. La planche que nous en avons fait exécuter a dû appeler tous nos soins. Mieux qu’aucun autre moyen, par tout ce qu’elle fera com prendre d’un trait à l’esprit, elle fera saisir en même temps à l’œil l’ensemble de ce tableau, que toute autre expression rendrait inévitablement confus. Dès l’abord, on aperceva combien monuments et habitations, réunis comme en un faisceau