CHAPITRE XIII Sommaire : Bordeaux. — Une petite anecdote sur l’ancienne orthographe de ce nom. — Les momies de la tour de Saint-Michel. — Artagnan. — Séjour au vieux castec. — Souvenir des Mousquetaires. — Tarbes. — L’incendie imaginaire. — Pau et ses Anglais. — Bayonne. — Les frontières d’Es pagne. — Irun. — Miranda. — Burgos. — La fonda del Norte. — La cathédrale. — La place de la Constitution et les guenilles espagnoles. Après nous être reposés, quelques semaines, à Paris, nous prîmes le chemin de l'Anjou, afin d’y passer le temps de la villégiature dans la belle et délicieuse terre des Hayes, que le marquis de Montesquiou possède entre Saumur et Beaugé. Ce fut là, au milieu de la riante soli tude des prairies et des bois, que se décida notre voyage d’Espagne dont j’entreprends maintenant la relation. Nous quittâmes, de nouveau, Paris, le 22 février 1866, et le chemin de fer nous conduisit rapidement jusqu’à Bordeaux. C’est à peine si nous eûmes le temps d’entre voir les grandes gares, qui se trouvaient sur notre route. Nous pûmes toutefois dîner à la hâte au buffet d’Angou- lème et nous arrivâmes à Bordeaux, sur les dix heures et demie du soir. Un omnibus nous mena à Y Hôtel de France, où l’on nous donna l’appartement le plus froid du monde. Nous eûmes beau faire allumer du feu, il nous était im possible de nous réchauffer; un vent glacial soufflait de tous les coins de la grande pièce où nous étions; et, quoi qu’il tombât de la neige, l’atmosphère du dehors m’avait paru moins froide que celle de cet intérieur, où je grelot tais de tous mes membres et où je ne pus fermer l’œil de